That don't impress me much [Az' la naze :)]

En tant que coordinatrice de l'Hôtel Del Sole, l'une des missions les plus importantes de Tiziana était d'aller chercher le petit café de sa soeur chérie adorée. Alors, après lui avoir soutiré un peu d'argent, elle filait au Dolce Caffè où Alissa lui offrait toujours le gobelet de bon coeur, permettant à la jeune Di Costanzo de foutre le bénéfice bien au fond de sa poche, bah tient ! Et éternellement en retard, elle débarquait d'un pas nonchalant à l'Hôtel, ignorant son ex derrière le comptoir de la réception et allant directement poser son fessier de rêve sur le siège en cuir massant de sa frangine, le temps qu'elle arrive bien sûr. Et attendant la jeune femme, elle en profitait toujours pour ajouter un peu de su-sucre magique à la mixture, remuant toujours aussi activement le café afin que la poudre blanche, des petits cachets qu'elle prenait soin d'écraser avec le propre presse papier d'Azelyne, disparaisse. Parfait, oui c'était parfait. Et ainsi, les pieds sur le bureau, soit elle attendait la venue de la blondasse, soit elle retournait les lieux histoire de éventuellement ajouter quelques billets au bénéfice de la matinée, soit foutre volontairement le bordel au milieu de la paperasse de la jeune femme.

Lorsqu'Azeline pointa le bout de son nez, Tiziana se redressa, retirant ses talons du bureau de verre pour lever son popotin du fauteuil et, avec un immense sourire hypocrite comme pas deux, elle dit :
« Le café de madame est là ! »
Se faufilant jusqu'à la porte, elle n'hésita pas un instant à donner un bon coup de hanche contre celles de la jeune héritière, la poussant de la sorte, volontairement :

« Bah ça alors Az'... Qu'est-ce que t'as grossi ! T'as un cul énorme...Je te jure, c'est archi choquant...ça met en valeur ta toute petite poitrine... »
Dégainant son Blackberry, elle commença à tapoter sur les touches du clavier azerty, tout en ajoutant : « Heureusement je connais un chirurgien formidable...Ça tombe à point, les lupo' sont en solde en ce moment...paraît que c'est à cause de l'été... » conclue-t-elle tout en hochant les épaules.

Ce matin, Azelyne avait prit tout son temps pour se rendre à l'hôtel. Non pas par flemmardise, car elle était loin d'en faire preuve, mais plutôt pour arriver en forme, fraîche et disponible. Son comptable l'avait lâché au dernier moment, et elle s'était retrouvée avec tout un dossier de frais, à trier et contrôler... Alors qu'à 21 ans les petites italiennes allaient se trémousser sur les pistes de danse des boîtes de nuits les plus branchées et en vogue, elle, armée de sa calculatrice et de son crayon à papier, avait additionné ainsi que soustrait toutes une liste de nombres. Ô joie ! Mais quel plaisir ! Un peu plus et elle était prête à proposer une séance ciné à sa grande soeur, en tête à tête... Pour vous dire à quel point c'était ennuyant. Elle aurait presque préféré se lancer des vannes et se crêper le chignon avec son autiste adorée, sa Tiziana chérie !
Alors oui, ce matin, elle s'était accordée une heure de sommeil supplémentaire. Elle s'en fichait, elle était la patronne ! Bon sang ce que ces mots semblaient mélodieux et doux dans son oreille. Azelyne n'était pas de ces croqueuses d'hommes et d'argent, avide de pouvoir, mais il fallait bien reconnaître qu'une telle place, à son âge, était un bonheur. Quelques inconvénients, comme d'énormes responsabilités, ponctuaient le tout, mais étaient géré à distance par des conseillers et ce à son plus grand soulagement. Franchissant les grandes portes de l'hôtel, n'admirant même plus la beauté du hall tant ce dernier lui était familier, elle traça droit jusqu'à l'ascenseur et prit la direction de son bureau. Elle avait ce satané dossier à ranger soigneusement jusqu'à l'arrivée d'un nouveau comptable, prêt à prendre la relève du précédent empoté.

Quand elle entra dans son bureau, elle trouva sans surprise Tiziana, installée dans son fauteil... Ce dernier qui la faisait tant rêvé. Pauvre cruche ! Elle lança un regard au gobelet que lui avait porté sa soeur, puis le posa sur cette dernière.
« Tu n'as pas craché dedans au moins...? » Question idiote, car même si elle l'avait fait, elle n'aurait rien avoué. Tiziana était une garce jusqu'au bout des ongles, voyons ! D'ailleurs c'est en passant à ses côtés, la bousculant avec plaisir, qu'elle lui fit une remarque, aussi haute qu'une pâquerette qu'Azelyne aurait pu piétiné par inadvertance. S'avançant vers son bureau, la jeune femme l'écouta d'une oreille peu attentive, et finit par relever la tête, dans sa direction.
« Pardon ? Tu disais...? Tu comptes te faire faire une liposuccion ? Ca c'est une bonne idée ! »
Elle ponctua sa phrase par un soupir, et leva les yeux au ciel. Elle était bien obligé de s'abaisser à son niveau, histoire qu'elle comprenne quelque chose.

Cracher dans son café ? Simplement cracher dans son café ? Tiz' avait depuis belle lurette lâcher les blagues primaires...Non, son café ne méritait même pas un peu de sa divine bave. Ingrate. La jeune femme esquissa une légère grimace, comme dégoutée et rappliqua directement : "Ah ah ! Très drôle." Non, bien sûr qu'elle n'avait pas craché dans son café, elle lui avait réservé tellement mieux ! De la dope de première qualité, capable de te calmer direct un cheval alors pour le coup, Tiz' avait presque envie de penser que pour une fois, non, elle ne se foutait pas de sa gueule...Du moins, ça dépend comment on voit les choses. Et parce qu'avoir du répondant était typiquement "Di Costanzien", Az' retourna remarquablement la situation...même si Tiz' préférait se couper une main plutôt que de l'admettre. La garce, venait-elle de dire qu'elle méritait une lipo' ? Foutaise ! Tous les soirs, son super popotin lui rapportait un max au Macarena, alors non, elle n'avait aucunement besoin de se faire insérer tout un tas d'aiguilles, sans oublier le fait qu'elle était largement capable de faire tourner absolument toutes les têtes qu'elle souhaitait...Y compris le nigaud de triso' qui servait de boyfriend à la petite blonde écervelée. AHAH !
Bref, il était temps de rentrer dans le rôle de sa vie, rôle qu'elle jouait à la perfection ses derniers temps...et qui lui laissait penser que si jamais elle échouait, une conversion artistique n'était pas improbable. Se tournant vers Azelyne, sa sœur adorée, elle attrapa ses épaules, faisant mine de la retenir :

"Az' ça va ? Tu...Tu veux t'assoir ? Et oh ! Reste avec moi ! Ca fait combien d'année que t'as pas dormi pour me sortir des bêtises du genre ? De quoi tu parles ? Pourquoi tu me parles de lipo ??"

Et hop ! Voilà, c'était fait, Tiz' venait d'entrée avec brio dans un jeu particulier, celui qu'on nommera avec aise : "Az' la folle !". Et attrapant le gobelet de café, feintant toujours un air inquiet, elle le tendit à sa soeur : "Bois un peu de café, ça te fera du bien..."

[Finalement elle n'a pas de boyfriend aha ! (a)]

La guerre n'avait fait que débuter entre Tiziana et Azelyne. Cette dernière en avait bien conscience. Et elle savait de même qu'elle avait une adversaire à sa hauteur. Son aînée pouvait se montrer machiavélique et manipulatrice à souhait. Elle était semblable à une vipère, qui crachait son venin à la moindre occasion. Ou encore à un vampire, prête à égorger n'importe qui à tout instant, non pas par soif mais par envie de meurtre et de cruauté. Oui, la blondinette la comparait à tout cela... Et parfois même (carrément souvent en fait !) elle la surnommait Vampirella. Il suffisait de lui balancer un paquet de farine dans la tronche et en moins de deux on obtenait un teint pâle, celui de la mort, et des yeux injectés de sang sous l'effet de la colère. Mais pour le coup, sa réplique ne semblait pas être comparable à ce paquet de farine, puisque Tiz' ne répondit rien. Au contraire même, elle se montra calme, et même prévenante.

Comment ça ? Elle ne voyait pas de quoi elle parlait ? Elle la prenait pour une demeurée ? La fatigue n'avait pas entamer son bon sens à ce point. Elle était bien consciente de ce qui s'était passé et ne l'avait en rien imaginé. Tiz' avait quelques soucis, c'était presque affolant. Elle la soupçonnait d'avoir des troubles de la mémoire immédiate. Enfin elle l'espérait, à défaut d'être elle-même concernée. Il était nettement préférable que la garce de service soit touchée et non elle. Quelle horreur !
« Mais bien sûre que ça va ! Non mais c'est toi qui ne va pas bien ! »
Elle se dégagea, virant de ses épaules les mains parfaitement manucurée de sa soeur. Hors de question qu'elle la touche, elle et ses magouilles à deux cents. Elle s'empara du gobelet de café qu'elle lui tendit et en bu une longue gorgée, ayant grand besoin de caféine. Si seulement elle avait su... Ca durait depuis un petit moment déjà, sans même qu'elle ne s'en doute. Son petit corps réclamait sa dose quotidienne de café, sans savoir qu'il ne s'agissait pas seulement de ça. Quelle connasse cette Tiz' !
« Bon, qu'est-ce que tu veux ? Si tu t'attardes dans mon bureau, et que tu fais comme si tu t'inquiétais pour moi, c'est que t'as quelque chose à me demander. » Tiziana n'était jamais « gentille » naturellement lorsqu'elles se retrouvaient seules. Jamais elle ne faisait preuve de bonté et d'attention de manière sincère en privé. Alors Azelyne se doutait bien qu'il y avait quelque chose derrière ce faux air inquiet. Elle attendait qu'elle crache le morceau, pour l'envoyer chier le plus royalement possible.

Heureusement, Azelyne s'empressa de retirer les mains de la jeune femme de ses si frêles et maigres épaules, Tiz' avait certes un plus gros cul qu'elle, mais elle au moins, elle était pas juste un vulgaire tas d'os et ses merveilleuses protèses mamaires faisaient bien toute la difference entre elles. Bref, Az' retira ses mains, et presque automatiquement, Tiz' ressentit un tic à la Monk, l'envie soudaine de se désincfecter les mains à la javel, comme si sa frangine avait une maladie incurable ou bien un truc bien dégueulasse comme la lèpre. Et puis, jouer les filles prévenantes, c'était pas spécialement sa tasse de thé, alors moins elle en faisait, plus elle restait crédible, même s'il devait être désormais difficile de ne pas être crédible devant cette grosse droguée inconsciente que la jeune Di Costanzo était devenue.
Bien sûr, Azelyne ne se doutait foutrement de rien et Tiz' ne pouvait s'empêcher de sourire, en pensant à cette petite victoire qui lui tendait peu à peu les bras...surtout lorsqu'elle voyait cette naze avaler son café d'une traite, pour lui demander ensuite ce qu'elle voulait. Lui demander ? Et bien mis à part sa part de l'héritage ?? Un large sourire au coin des lèvres, elle enchaîna alors :

"Je crois qu'il faudrait qu'on parle...de ton homosexualité ! Non mais tu te rends compte Naz'...enfin Az', papa doit genre se retourner dans sa tombe ! Et puis ne nie surtout pas, je t'ai jamais vu avec un seul mec...Je suis d'ailleurs quasi sûre que t'es encore vierge ! Tu as peur peut-être ? Tu veux peut-être que je t'explique les choses de la vie ?"

Blessante ? Non, disons que cela pouvait être une conversation parfaitement banale pour les soeurs Di Costanzo...La sexualité et le poids, c'est pas du tout senser être tabou entre deux soeurs, deux moitiés sensées tenir à l'une et l'autre plus que tout. Ou pas.

En fait, Tiz' avait un véritable pet' au casque... Cette nana n'avait pas eu la chance d'avoir la lumière à tous les étages. Et Azelyne avait toujours cru qu'en tant que fille aînée, elle avait été le bébé test pour que ses parents -ou la nurse- puissent se faire la main. Ils l'avaient bercé trop près du mur, c'était un fait. Elle en devenait presque flippante, quand elle partait toute seule dans ses délires et autres machinations. Elle devait vraiment prendre Az' pour une demeurée, en pensant qu'elle ne soupçonnerait rien alors qu'elle jouait à la soeur parfaite, remixant le portrait de la sainte. Un peu plus et la blondinette allait appelé sa soeur Mère Thérésa. Quoiqu'elle aurait même été tenté de l'appelé L'Abbé Pierre, juste pour la faire rager. Généreuse et bienveillante. Dans la plus grande fausseté qui soit !
C'est alors qu'elle vint à lui parler de sa soit disant homosexualité. Azelyne la fixa avec un air d'incompréhension. Mais qu'est-ce qu'elle racontait, bon sang ?
« Oh pitié Tiz'... Arrête ça tout de suite. Je ne veux rien apprendre de toi. » Elle leva les yeux au ciel, et soupira avant de reprendre, avec un simple : « Non mais regarde-toi... Regarde ta vie... Ca va aller. » Comme si elle pouvait lui « apprendre les choses de la vie ». Mon Dieu ! Ecarter les cuisses et se faire sauter par le premier venu n'allait pas être l'exemple qu'elle allait suivre et donc sa soeur n'allait pas être son modèle. Dommage, hein ?

Elle ne se doutait pas que sa soeur poussait le vice bien plus moins, se montrant manipulatrice et machiavélique. Pourtant elle avait la tête de l'emploi. Mais peut-être qu'inconsciemment, Azelyne se disait qu'elle n'était pas si mauvaise. Simplement terriblement frustrée. Elle ne pensait pas que son aînée la droguait quotidiennement et tentait de la faire interner.
« J'ai mal à la tête... Arrête ton baratin et sort de mon bureau. S'il te plaît. » Et elle trouvait encore le moyen de rester polie ! Pauvre petite !